Parlons bien, parlons pop.
« We clawed, we chained, our hearts in vain »
Miley se déchaîne au sens propre comme au figuré ! Mais qu’est-ce donc que ce nouveau clip qui défraie la chronique ?
“I came in like a wrecking ball
I never hit so hard in love
All I wanted was to break your walls
All you ever did was wreck me”
Oui, on fait dans la pop grand public alors on met directement les paroles en images et si on se dénude en le faisant, cela rendra la portée de la chanson un peu plus grande. So simple !
« Mon cœur est brisé alors je veux un marteau dans mon clip » a probablement pensé la jeune femme. Ouais, simple, direct et efficace. Moi j’approuve, espèce de vilains moqueurs ! (oui, oui je vous entends)
Soyons plus sérieux quelques instants...
Le clip de « Wrecking Ball », le dernier titre de Miley Cyrus a été réalisé par le célèbre photographe Terry Richardson, spécialiste du « porno chic » et plonge l’ancienne pop star Disney au cœur d’une nouvelle controverse. Quelques temps seulement après sa prestation pour le moins surprenante aux MTV Music Awards, la voilà encore sur le devant de la scène ! En effet, on peut la voir totalement nue sur une boule de démolition en train de lécher un marteau. Les connotation sexuelles sont omniprésentes ; l’aspect provocateur de la vidéo est décrié mais pour une fois, la demoiselle n’en démord pas, elle croit en cette chanson et déclare que son message n’aurait pas été compris par les médias. Alors avons-nous affaire à un simple objet marketing visant à renforcer la dimension trash et provoc’ de la nouvelle Miley Cyrus ou à un clip au message artistique qui point à travers les courbes de la chanteuse ? Nous interrogerons surtout les rapports entre le clip et son sujet, un cœur brisé, puisque la vidéo provoque un dégoût si total. La forme et le font sont-ils totalement déconnectés, tout n’est-il que vacuité dans ce dernier scandale ?
Miley se tient sur un véritable engin dévastateur qui casse des murs de béton. Elle lèche alors le fer, fer qui est pourtant supposé la démolir. Cette antithèse sera omniprésente et l’on pourra voir un personnage tantôt faible, victime de la démolition, tantôt fort, acteur de cette démolition. Cette alternance rappelle la complexité du couple où chacun peut souffrir ou faire souffrir. L’alternance de figures ambivalentes est ici notable. Les positions lascives, si elles permettent d’attirer l’attention et de faire grimper les vues du clip sur Vevo – et par extension d’imprimer la mélodie dans les esprits – évoquent le désir amoureux et glissent la jeune star dans la figure d’une femme passionnée. Sa mise à nue littérale et imagée renvoie à la vulnérabilité dans laquelle tout individu est placé au sein d’une relation sentimentale. Il se dévoile et s’expose aux blessures, ne montre plus seulement ses forces mais aussi ses faiblesses et failles. Dans le cadre du couple, on ne se contente plus d’être une image, un reflet que l’on tend à la société et les masques volent généralement en éclats. On accède ainsi à la partie la plus intime de l’être qui se révèle sous son vrai jour, c’est probablement ce que le clip peut illustrer et c’est surtout ce que Miley Cyrus revendique dans une interview accordée à la radio américaine Z100. (http://www.chartsinfrance.net/Miley-Cyrus/news-88006.html) Il semblerait qu’elle ait été prise à son propre jeu et qu’elle soit fatiguée de n’être réduite qu’à son rôle sulfureux.
Les paroles de la chanson font état d’une déconvenue sentimentale, comme la pop le fait si souvent et se dévoile alors un cri de détresse destiné à l’être aimé. Mais la bluette sentimentale n’est pas à l’ordre du jour et la balade des temps Disney n’est plus qu’un souvenir, ici tout n’est qu’opposition. La peau chaude, délicate se meut au contact du métal froid, dur laissant au spectateur une image presque désagréable tant elle contrastée. Le clip est la parfaite union d’éléments antithétiques, toujours dans l’excès faisant donc mieux ressortir un paradoxe : c’est quand l’individu est le plus vulnérable qu’il s’expose au danger le plus grand, ici symbolisé par la « wrecking ball ».
Ce que veut ce clip, mis à part choquer le public c’est très certainement se faire emblématique de la nouvelle Miley Cyrus et cette fois en toute sincérité, sans forcément être aussi creux que l’image qu’ont pu renvoyé les MTV music awards. L’opposition entre la sensibilité de la jeune femme et la violence qui peut être en elle est flagrante. Cela ne serait-il pas une caractéristique de l’adulescence, cette période post-adolescence qui caractérise l’entrée dans la vie adulte ? Cette immersion est fracassante chez la jeune star, exit les amourettes de lycéenne, exit les mélodies fleurs bleues ! Tout est violence et démesure: l’amour est passion, la tristesse est désespoir, la déception est colère.
Miley Cyrus l’adolescente n’est plus. Entrée fulgurante dans la vie pour une jeune femme à la fois sensible et indépendante. De ce point de vue, le clip de « Wrecking Ball » n’est pas mauvais et l’on ne devrait pas si vite tirer un trait sur la valeur artistique de ses images.