Commençons tout d'abord par analyser la polémique née peu après les championnats. (que serait un tel évènement sans controverse?)

"Avec le nombre d'athlètes naturalisés, peut-on encore parler de championnats d'Europe?" Voici la déclaration, tant commentée du député UMP  Lionel Tardy publiée sur Twitter. Les français, habitués aux déclarations choquantes de certains ministres dont il n'est pas utile de rappeler le nom sont en effet devenus très sensibles aux questions d'immigration, il est d'ailleurs difficile d'oublier le léger détournement de l'électorat du FN vers l'UMP lors des dernières présidentielles. C'est ainsi que guettant le moindre écart vers l'extrême droite l'opinion n'a pu laisser échapper cette déclaration. Celle-ci m'a tout d'abord choquée, était-il imaginable de critiquer l'équipe française qui pourtant correspondait à l'idée que je me faisais de l'Europe? La diversité autour de valeurs communes me semblant  bien représentée, je me penchai un peu plus sur les propos du député. Dépassant les ouï-dire je découvris qu'il n'était jamais question de l'équipe française et qu'en réalité la Turquie et la Norvège étaient les principales visées. Je me souvins alors du lapsus d'un commentateur parlant des éthiopiennes lors du 10000 mètres. Il s'agissait d'Alemitu Bekele et d'Elvan Abeylegesse, j'ai enquêté sur cette dernière et découvert que l'athlète avait rapidement été remarquée  par la Turquie après des compétitions juniors, qu'elle y avait aperçu des conditions de travail bien meilleures et avait acquis la nationalité turque en se mariant.  Si elle a pris quelques temps le nom de Can son mari, elle a désormais retrouvé son nom de jeune fille, les jeunes tourtereaux ayant divorcés...

Le député nous fait donc seulement partager ses doutes au sujet de naturalisations récentes. Il semble évident que de petits clubs européens n'hésitent pas à les proposer en échange d'un salaire et de conditions de travail non négligeables pour des athlètes africains. Dans ce cas précis et seulement dans ce cas l'on peut se demander si les coureurs appartiennent réellement à L'Europe et ses valeurs. Notre esprit désormais libéré des controverses peut alors s'intéresser  à notre jeune équipe française grâce à qui la France gagne. Fraîcheur, rapidité, vivacité et compétitivité, il s'agit bien d'une génération prometteuse. Sa jeunesse nous permet d'espérer briller l'an prochain en Corée du Sud ou même à Londres.  Cette équipe porte haut les couleurs françaises et nous montre qu'en dehors des polémiques, des scandales politiques ou des aléas économiques, la France ne va pas si mal. 18 médailles, le record de 1950 est vaincu! Je vous laisse avant d'aller faire un sprint une petite devise : « Citius, Altius, Fortius » (plus vite, plus haut, plus fort )*

* Devise proposée par Pierre de Coubertin en 1894 à la création du comité international des jeux olympiques